Nicolas Bergier, Histoire des grands chemins de l'empire romain, 1622     part I     part II

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bergier (Nicolas). - Archéologue né à Reims en 1567, mort en 1623, a publié, en 1622, une Histoire des grands chemins de l'empire romain, ouvrage estimé qui se joint à la Carte itinéraire de Peutinger, et dont l'édition la plus complète a paru à Bruxelles, 1736.

 

 

 

Nicolas Bergier , Avocat au Siège Présidial de Rheims, lived in 17th-century Rheims and became interested in Roman roads there. Mentioning by chance his interest in the funding of Roman roads to Conde du Lis, advisor to Louis XIII, he found himself suddenly commanded by the king to undertake a study of all Roman roads. Five years later he published his Histoire des Grands Chemins de l'Empire Romain , a two-volume work of over 1000 pages. There were many subsequent editions. This first scholarly study of Roman roads included engravings of the Tabula Peutingeriana. Edward Gibbon consulted Bergier's work while researching his Decline and Fall of the Roman Empire.

 

 

Itinéraire

On donne le nom d' Itinéraire (du latin iter, gén. itineris, chemin) à des ouvrages où l'on décrit, soit certaines routes, soit toutes les routes d'un pays ou d'un État. Ces sortes de livres sont précieux pour les géographes, surtout s'ils se rapportent à l'Antiquité. II est vraisemblable que, dans l'empire des Perses, où les routes militaires et le service postal étaient l'objet d'une attention toute particulière, le gouvernement possédait des documents sur la direction et la longueur des routes, les localités qu'elles traversaient, les distances qui séparaient les stations les unes des autres. Ces documents ont dû être connus d'Hérodote. Nous avons quelques fragments d'Itinéraires rédigés par des Grecs, tels que les Stathmes (stations) d'Asie par Amyntas, écrivain d'une époque inconnue, les Stathmes de l'expédition d'Alexandre par Béton et Diognète, et les Stathmes parthiques rédigés au temps d'Auguste par Isidore de Charax.

Les Romains eurent deux sortes d'Itinéraires : les Itineraria picta ou cartes routières, et les Iteneraria scripta ou annotata, itinéraires écrits, donnant différents genres de renseignements. Agrippa avait consigné dans ses Commentaires les résultats des opérations géodésiques décrétées par tout l'empire romain au temps de J. César; d'après cet ouvrage de son ami, Auguste fit représenter, par la peinture ou en mosaïque, sur les murs du Portique que Pola Vipsania, soeur d'Agrippa, avait élevé dans le Champ-de-Mars, un Orbis terrarum que Pline l'Ancien a certainement consulté. On croit qu'une révision de cet Orbis fut faite au temps d'Alexandre Sévère, et qu'il servit ensuite pour l'exécution de la Table dite de Peutinger qui nous est parvenue.

Parmi les Itinéraires écrits, le plus important est l'Itinéraire d'Antonin, divisé en deux parties, l'Itinéraire des provinces et l'Itinéraire maritime. Henri Estienne, qui le publia en 1512, l'attribuait à Antonin le Pieux ou à Marc Aurèle, opinion qui n'est pas adoptée. Quelques savants ont prétendu qu'il fut fait au temps de J. César par trois géographes ou ingénieurs, et reçut sa forme d'Antonin : mais il y a des noms de villes qui n'ont pu être donnés que plus tard, comme Dioclétianopolis, et d'ailleurs les routes de la Gaule et de la Grande-Bretagne s'y trouvent. D'autres supposent que l'Itinéraire d'Antonin est l'ouvrage d'un géographe du IIIe ou du IVe siècle, qui emprunta le nom de cet empereur pour lui donner crédit, ou qu'il fut composé longtemps après, en exécution d'un projet conçu par lui. Ce qu'on peut tenir pour certain, c'est que le premier fond de l'Itinéraire a été enrichi par des additions successives.

Certains Itinéraires latins ne donnent qu'un seul routier : tels sont les trois Itinéraires de Cadix à Rome, gravés sur trois vases d'argent qu'on a découverts en 1852 à Vicareilo (près du lac de Bracciano), et l'Itinerarium burdigalense ou hierosolymitanum, qu'un pèlerin composa en 333 pour l'usage des voyageurs qui voudraient se rendre de Bordeaux à Jérusalem. Angelo Maï a publié à Milan, en 1817, sous le titre d'Itinerarium Alexandri, une courte description de l'expédition d'Alexandre le Grand en Perse, ouvrage dédié par un inconnu à l'empereur Constance lorsqu'il entreprit, en l'an 345, sa seconde expédition contre les Perses.

Les Itinéraires poétiques pourraient bien ne pas figurer avec grand fruit dans les collections utiles à la géographie. Sans parler de certains voyages chantés par Lucilius, par Horace et par Ovide, on sait que Jules César avait raconté en vers son voyage de Rome dans l'Espagne Ultérieure; que Perse composa dans sa jeunesse des odoiporica; que Lactance décrivit également en vers son voyage d'Afrique à Nicomédie. Nous avons l'Itinéraire de Rome en Gaule par Rutilius Numatianus (en 416) et le voyage que fit à Limoges, Théodulfe, évêque d'Orléans sous Charlemagne.

Certains voyages à la Terre Sainte, écrits au Moyen âge, portent le nom d'Itinéraires; tels sont : Itinerarium B. Antonini martyris, vers l'an 600; S. Willibaldi vira seu Hodoeporicon, 722; Bernardi monachi Sapientis Itinerarium ad loca sancta, 870; Itinéraire de Benjamin de Tudèle, 1160; Gerardi Friderici I in Egyptum et Syriam ad Saladinum legati Itinerarium, 1175; Magistri Thetmari iter ad Terram Sanctam, 1217, publié par T. Tobler, Berne, 1851.

Les modernes ont quelquefois donné le nom d'Itinéraires à de purs récits de voyage; tel est l'Itinéraire de Paris à Jérusalem, par Chateaubriand.

On trouvera dans ce site de brèves notices sur les Itinéraires (au sens propre ou non) suivants :

Itinéraire de Paris à Jérusalem, par Chateaubriand
Itinéraire d'Alexandre
Itinéraire d'Antonin
Itinéraire de Bordeaux ou de Jérusalem
Itinéraire de la Grèce, par Pausanias

                                                                                                                                                                                                                          

 

Itinéraire de Paris à Jérusalem, par Chateaubriand (1811). - L'auteur, dans cet ouvrage, a réuni les impressions d'un voyage qu'il avait entrepris (1806) en Grèce et en Judée pour rassembler les matériaux des Martyrs.

Parti de Trieste, Chateaubriand, après avoir visité Corfou, Céphalonie, Zante, aborda en Morée. Les grands souvenirs de l'Antiquité grecque revivent à chaque pas de son livre, mais il y mêle des impressions personnelles, particulièrement sur le dénuement des Grecs et la barbarie qu'il attribue aux Turcs.

Après avoir contemplé l'Eurotas et l'emplacement de Sparte, il célèbre Corinthe, Mégare, Eleusis, Salamine, Athènes. Puis il traverse l'Archipel et visite Istanbul. De là, il se rend à Rhodes, à Jaffa, à Bethléem et à la mer Morte, et arrive enfin à Jérusalem, « la terre des prodiges, aux sources de la plus éclatante poésie ». Il gagne l'Égypte, puis Tunis, près de laquelle il visite les ruines de Carthage, et rentre en France en passant par l'Espagne.

Les idées nobles et élevées de Chateaubriand témoignent d'une érudition étendue et d'une admiration sincère pour l'Antiquité grecque; le style, pur et naturel, est éloigné de toute recherche.                              

Itinéraire d'Alexandre. - Les érudits connaissent, sous ce titre, deux ouvrages fort différents, découverts ensemble dans un manuscrit de la bibliothèque Ambrosienne (Château d'Ambras). Le premier, anonyme, fut composé en 338, au moment où Constantin préparait son expédition contre les Perses. Rédigé en grec sur des documents aujourd'hui perdus, il présente un réel intérêt. Quant au second Itinéraire d'Alexandre c'est un roman latin, composé au IVe siècle par un auteur que les érudits appellent soit Ésope, soit Julius Valerius, soit le Pseudo-Callisthène. Angelo Maï a fait paraître, à la suite de l'Itinéraire d'Alexandre, le texte latin du De rebus gestis Alexandri, libri tres (Francfort, 1818). Il semble que les auteurs du Moyen âge ont tiré de cet ouvrage, plus ou moins directement, toutes ces histoires fabuleuses d'Alexandre, qui ont servi de texte pendant doux siècles à la poésie française, provençale et espagnole (La Légende d'Alexandre).

Itinéraire d'Antonin, Itinerarium Antonini. - Intitulé par les plus anciens manuscrits : Dimensio universi orbis a Julio Caesare et Marco Antonio consulibus facta, il s'agit d'une sorte de livret de poste divisé en deux parties, dont la première, la plus considérable, porte le titre de Itinerarium provinciarum, tandis que la seconde est un Itinerarium maritimum. Ces deux sections énumèrent les routes militaires et maritimes de l'empire romain vers le IIIe ou IVe siècle et indiquent les principales stations, avec leurs distances réciproques. Le nom d'Antonin que porte l'Itinéraire n'a aucun rapport avec l'empereur Antonin le Pieux; si ce nom désigne un empereur, il se peut que ce soit Caracalla, sous le règne duquel on aurait commencé cette compilation. Donner avec précision le nom de l'auteur et la date de la composition de l'Itinéraire est une entreprise pour ainsi dire impossible.

D'Avezac voulait l'attribuer à Ethicus Ister, l'auteur de la Cosmographie, et le dater de 375 environ. Mais, comme on l'a fait remarquer, un ouvrage de ce genre est une oeuvre anonyme, analogue à nos indicateurs des chemins de fer; de plus, cette oeuvre impersonnelle a été sans cesse modifiée par l'administration an fur et à mesure de l'ouverture de routes nouvelles, de rectifications dans la mesure des distances, de l'avancement on du recul de la frontière de l'empire.

L'opinion des éditeurs Parthey et Pinder, est que l'original, c.-à-d. la première édition, peut être du commencement du IIIe siècle; quant à l'édition que nous avons, édition revue et modifiée depuis qu'on avait recueilli pour la première fois dans ce document toutes les distances de l'empire romain, elle doit être de l'époque de Dioclétien. Quoi qu'il en soit, on comprend l'importance pour la géographie ancienne d'un recueil qui donne l'indication de toutes les routes de terre et de mer du monde romain. (La géographie antique)

L'Itinéraire d'Antonin a été publié par P. Wesseling, Vetera Romanorum Itineraria; Amsterdam, 1735, in-4; par Fortia d'Urban, Recueil des Itinéraires anciens; Paris, 1845, in-4; par G. Parthey et M. Pinder, Itinerarium Antonini; Berlin, 1848. (G. L. G.).

 

Itinéraire de Bordeaux ou de Jérusalem (Itinerarium Burdigalense seu Hierosolymitanum), composé en 333 par un pèlerin bordelais anonyme. Ce routier énumère toutes les stations du voyage de Bordeaux à Jérusalem, les points d'escale, les distances. Il a quelque valeur comme document géographique, et plus encore comme document archéologique.

Itinéraire de la Grèce, par Pausanias (174 de l'ère moderne). - Cet itinéraire est, en dépit de son nom, un livre d'histoire et d'archéologie bien plus qu'un guide, et il constitue une mine de renseignements inépuisable pour la connaissance de l'ancienne Grèce. Il est divisé en dix livres, dont chacun emprunte son titre à la contrée décrite : Attiques, Corinthiaques, Laconiques, Messéniques, Achaïques, Arcadiques, Béotiques, Phociques et Eléaques, qui comprennent deux livres et sont consacrées à la description des jeux. Très versé dans la connaissance des beaux-arts, mais érudit plutôt qu'artiste, Pausanias fournit dans son Itinéraire de la Grèce, sans critique aucune, des détails précieux sur les sculpteurs, peintres et architectes grecs, et, par cela même, est une source très précieuse pour l'archéologue et pour l'historien; aussi le cite-t-on constamment; c'est de lui que l'abbé Barthélemy a fait son guide dans le Voyage du jeune Anacharsis.

 

 

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